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Tunisie : Ben Ali, l'ami de la France silencieuse sur les "évènements"

Publié le par thalasrum

Voile-Tunisie-01.jpegDepuis quelques semaines, de dangereux terroristes islamiques développent une agitation inacceptable contre la sécurité de l'État tunisien qu'il convient de réprimer au plus vite. C'est en tout cas la version officielle tenue pendant une semaine par le président Ben Ali, réélu régulièrement avec des scores largement supérieurs à des plébiscites. Pendant les deux premières semaines, les médias télévisuels entretenaient un silence sans faille, & il fallait chercher les brèves dans les médias nationaux pour trouver quelques éléments de suicides par immolation d'étudiants diplômés.

Pourtant, en allant vers Internet, sur les réseaux sociaux (Facebook), de micro-blogging (Twitter), on pouvait trouver des informations bien différentes. Les immolations n'étaient que la partie émergée d'une contestation sociale qui prenait de l'ampleur jour après jour, multipliant manifestations, articles sur les blogs, vidéos publiées sur Internet.Pied-Tunisie.jpeg

La semaine dernière, devant l'ampleur de l'agitation sociale, le président Ben Ali a du changer quelque peu la version officielle : les agitateurs devaient être réprimés mais dans le même temps, il promettait la création de 300.000 emplois avec l'investissement de plusieurs milliards par l'État.

La population n'a pas du l'entendre, ou le croire, puisque les manifestations continuent encore aujourd'hui à Tunis & dans de nombreuses villes du pays, malgré une répression féroce : tirs à balles réelles sur la foule, dispersion par la violence des tentatives de manifestations par des policiers en civils. Les hôpitaux apparaissent débordés de blessés. Selon plusieurs opposants au régime, interrogés par Daniel Mermet, dans son émission sur France Inter, Siem Benzédrine, Taoufik Ben Brik et autres affirment que la répression a déjà causé plus de cinquante victimes, ce que nie le régime officiel.

L'accroissement du mouvement social & la capacité des tunisiens à médiatiser leur mouvement par la Toile a obligé les grands médias français à s'intéresser au pays. France 2 a consacré un sujet à l'évènement hier soir, utilisant des images... prises sur Internet ! La condamnation unanime & habituelle de l'information venant d'Internet semble subitement oubliée.

Femme-Tunisie-01.jpegCertes, M.Pujadas a fortement dilué l'information avec une avalanche dans les Alpes qui a ouvert le journal. Certes, M.Pujadas s'est bien gardé de faire parler les opposants à Ben Ali. Certes, M.Pujadas a choisi un message religieux de contestation uniquement. Certes, M.Pujadas n'a jamais mis en cause le pouvoir de M.Ben Ali, l'ami de la France, le protecteur contre le terrorisme, le sauveur contre l'intégrisme religieux (sic!). Certes, M.Pujadas s'est bien gardé de faire le lien avec les évènements sociaux qui se déroulent en Algérie voisine. Certes, M.Pujadas a oublié de parler des déclarations de Michelle Alliot-Marie en séance à l'Assemblée Nationale où elle a proposé rien d'autre que les compétences de la police française pour rétablir l'ordre en Tunisie.

Au demeurant, il est surprenant de voir le blackout médiatique entretenu en France. De quoi ont-ils peur ? De déplaire à M.Ben Ali, qui est l'ami personnel de nombreux journalistes ? De déplaire à l'État français qui a de très proches intérêts avec M.Ben Ali ? De montrer les images d'une révolte sociale réprimée dans le sang pour ne pas donner d'idées à son propre peuple ? Ou tout simplement, suivent-ils la position officielle de la France qui appelle au « retour au calme », quand l'Union Européenne condamne les violences. Ce doit être le même prisme déformant de la situation internationale qui prévaut quand la raison d'État s'applique !

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