Tunisie : fin de règne pour Ben Ali ?
Malgré la répression, malgré l'omniprésence policière, malgré l'intervention massive de l'armée, malgré les morts, tués par les forces de l'ordre, malgré le contrôle des moyens de communication, le président Ben Ali, élu avec des scores dépassant les 90%, semble en grave difficulté.
Dans une allocution prononcée hier soir, il a tenté une nouvelle fois de calmer le peuple en colère & de faire des propositions. En vain. Qu'est-ce que le peuple peut bien avoir à faire que Ben Ali promette de ne pas se représenter aux élections de 2014 ? Que vaut la promesse de Ben Ali de libérer les moyens d'expression quand le contrôle policier est partout ? Quand les comptes des réseaux sociaux sont surveillés ? Quand l'Internet n'est pas libre.
Dès la nuit d'hier soir, Internet semble avoir été libéré, puisque des micro-blogueur, via twitter, affirmaient pouvoir accéder, « même aux sites pornos ». Dans le même temps, les craintes étaient toujours fortes concernant la surveillance, puisque les mini-messages se multipliaient pour appeler à n'utiliser que les sites sécurisés en « https ». Cependant, l'agitation & la répression ne semblent pas s'être arrêtées durant la nuit, puisque des sources différentes parlent de plus de 30 morts supplémentaires dans la nuit.
L'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), visiblement pas dupe des propositions présidentielles appelait à manifester aujourd'hui à Tunis dès 11 heures locales.
Dès ce matin, la censure d'Internet a fait son retour. Les informations qui arrivent aujourd'hui laissent penser que la manifestation se déroule pour l'instant sans incident notable à Tunis, les manifestants défilant devant les institutions tunisiennes. La jeunesse semble rejointe par l'ensemble de la population. D'autres manifestations se déroulent dans d'autres villes de province. Les cris des premières semaines qui réclamaient du travail se transforment aujourd'hui en hurlements pour le départ du président Ben Ali. Les forces de l'ordre, après avoir laissé faire une partie de la journée, entame une nouvelle phase de répression. Dans ce cadre un journaliste français de 32 ans a été atteint à la tête par un tir de policier. Les logements de la belle famille de Ben Ali ont quitté le pays & ont fui sur un yacht. Une annonce sur la télévision tunisienne fait état du départ du pays du président Ben Ali, pendant que le premier ministre assure la présidence par intérim.
Le gouvernement français, toujours dans une démarche plus qu'ambigüe, aveuglé par l'étroitesse de ses liens avec le président Ben Ali, envoie Frédéric Lefebvre déclarer que la situation s'apaise en Tunisie. Le peuple tunisien ne peut pas dire qu'il bénéficie d'un soutien fort & inconditionnel de la communauté internationale & encore moins de la France. Les partis de gauche français appellent à accompagner une transition démocratique en Tunisie.